Une limite franchie : Un secteur uni contre le démantèlement de la culture et du patrimoine
25 Novembre 2025 - 12h30 – MissionLe mardi 25 novembre, un piquet intersectoriel s’est tenu sur la place Reine Astrid à Anvers, où artistes, travailleurs et professionnels de la culture se sont rassemblés pour résister. Lors de cette manifestation, un discours puissant a été prononcé au nom du M HKA et de Museum at Risk, dénonçant avec force le démantèlement du M HKA et la destruction du secteur culturel.
Collègues, camarades,
Aujourd’hui, nous sommes tous réunis ici parce qu’une limite a été franchie. Parce que ce gouvernement mène une politique qui ne se contente pas de cibler notre secteur, mais qui sape les fondements mêmes d’une société solidaire.
Je vous parle aujourd’hui depuis le Musée d’Art Contemporain d’Anvers et au nom de Museum at Risk, mais en réalité, je parle au nom d’un secteur entier sous pression.
Et nous—travailleurs, artistes, musées, bibliothèques, archives, centres culturels—n’allons pas rester les bras croisés.
Les plans de ce gouvernement ne sont pas une simple ajustement technique. Ce n’est pas une optimisation. Appelons les choses par leur nom : c’est un démantèlement. La suppression de la fonction muséale du M HKA et son remplacement par une structure vidée de sa substance—sans cœur scientifique, sans personnel ni budgets suffisants—est une honte. Ce qui en restera ne sera pas un renforcement, mais une coquille vide, un élément vital du paysage de l’art contemporain dépouillé de sa substance.
Caroline Gennez affirme que la suppression d’un musée renforcera le secteur muséal, mais ce qui est présenté comme une ambition d’améliorer la collaboration n’est, en réalité, qu’une politique d’austérité brutale—le résultat d’une stratégie de division, opposant les villes et les institutions culturelles les unes aux autres dans une lutte pour les mêmes ressources rares.
Pendant ce temps, les grandes villes du monde entier, soucieuses de leur prestige international, se battent pour préserver, renforcer et créer des musées, mais notre gouvernement, lui, supprime purement et simplement le nôtre. Bart De Wever sourit dans la presse lors des inaugurations de nouveaux musées à l’étranger, tout en oubliant de soutenir le secteur patrimonial dans son propre pays.
Qui paie le prix ? Nos collègues. Des employés qui ont passé des années à construire leur expertise. Des personnes qui prennent soin des collections, de la recherche, de la sécurité, de l’éducation, de l’accessibilité. Des gens qui, année après année, font plus avec moins. Aujourd’hui, on leur présente l’addition : incertitude, coupes budgétaires, restructurations, pertes d’emplois.
La culture n’est pas un luxe. La culture n’est pas un terrain de jeu pour la gauche. La culture est un service public qui relie et façonne notre avenir.
Depuis quelque temps déjà, des travailleurs de la culture et des artistes, sous la bannière Museum at Risk, unissent leurs forces pour lutter contre le démantèlement de notre paysage muséal. Ensemble, ils ont formulé quatre revendications, que le M HKA soutient pleinement et que je tiens à répéter ici :
1 - Nous voulons un Musée d’Art Contemporain à Anvers.
2 - Un Musée d’Art Contemporain possède une Collection.
3 - Un Musée d’Art Contemporain de niveau international nécessite une infrastructure et un financement adaptés.
4 - Nous exigeons une voix et un droit de codécision dans la réforme des musées flamands.
Mais cette histoire ne concerne pas une seule institution. Ce qui arrive aujourd’hui au M HKA pourrait se produire ailleurs demain—dans les bibliothèques, les archives, les centres culturels, les musées de toute la Flandre. C’est le signe d’une stratégie plus large : un démantèlement social et culturel qui touche l’ensemble du secteur.
C’est pourquoi nous sommes ici ensemble. Parce que nous ne nous laisserons pas diviser. En tant que secteur, en tant que travailleurs, nous sommes plus forts ensemble. Une attaque contre l’un d’entre nous est une attaque contre nous tous.
Nous exigeons que le gouvernement protège notre patrimoine, respecte ses employés et investisse dans la société qu’il prétend servir.
Nous continuerons à résister. Pour nos collègues. Pour notre patrimoine. Pour notre secteur. Pour une société qui est construite, et non démantelée.
Je vous remercie.
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